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Six mois après son interdiction, la puff toujours aussi facile à trouver pour les ados
information fournie par AFP 21/08/2025 à 12:33

Des cigarettes électroniques jetables "puffs" à Béthune, dans le nord de la France, le 25 mai 2022 ( AFP / DENIS CHARLET )

Des cigarettes électroniques jetables "puffs" à Béthune, dans le nord de la France, le 25 mai 2022 ( AFP / DENIS CHARLET )

"C'est ici les puffs à 15 euros ?": six mois après leur interdiction, les cigarettes électroniques jetables sont loin d'avoir disparu et les adolescents n'ont pas de mal à s'en procurer auprès d'épiceries, de boutiques de vapotage ou en ligne.

Quatre adolescents à la recherche de puffs entrent dans cette épicerie de nuit de Houilles (Yvelines) en région parisienne, cherchant des yeux le design coloré de ces produits aux arômes sucrés, ice cream fraise, cola pétillant, bubble gum... proposant jusqu'à 9.000 bouffées pour certaines, soit l'équivalent de quelque 300 cigarettes, dont le taux de nicotine va de 0 à 20 mg/ml.

Accusées de servir de passerelle vers le tabagisme et d'être source d'un "désastre écologique" car leur plastique et leur batterie au lithium finissent rapidement aux ordures, elles sont interdites depuis janvier en Belgique, juin au Royaume-Uni et le 25 février en France, mais de nombreux points de vente enfreignent la loi.

"Ca ne change rien. On en vendait déjà avant, il y a juste plus de risques. On a déjà eu quelques contrôles depuis, mais ils ne sont pas très regardants", dit à l'AFP l'épicier, dont le comptoir présente les puffs jetables.

Dans le Pas-de-Calais, Lisa*, lycéenne de 17 ans, continue de s'approvisionner dans "des petites épiceries" ou "des bazars". "Parfois, les puffs sont cachées mais pas tout le temps. Tout le monde peut s'en procurer un peu partout. Même en étant mineure, on ne m'a jamais demandé ma carte d'identité", rapporte-t-elle.

-Commande via Snap-

Selon l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), en 2022 un collégien sur cinq et 44% des lycéens avaient déjà vapoté.

Sur les réseaux sociaux, et notamment sur Snapchat, de nombreux "vendeurs" proposent aux jeunes l'envoi ou la livraison à domicile de puffs jetables, après une commande via messagerie privée.

C'est ce que fait régulièrement Marine*, étudiante à la faculté de Nanterre : "J'achetais à l'épicerie avant, 15 balles. Lui c'est 10 euros la puff, et en plus il livre, donc c'est pratique", dit-elle à l'AFP.

Derrière le compte de vente, un étudiant de 22 ans qui dit avoir "appris quelques semaines après avoir commencé" que son activité, entamée en mars, était illégale.

"Les puffs, c’est vraiment facile d’accès, (...) à Aubervilliers, tu trouves des grossistes", témoigne le livreur qui gagne jusqu'à 300 euros par mois.

Pour le Comité national contre le tabagisme (CNCT), ces exemples prouvent que "la loi n'est pas respectée".

"Il faudrait que le gouvernement déploie beaucoup plus de contrôles, assortis de sanctions beaucoup plus dissuasives", estime Amélie Eschenbrenner, sa responsable de la communication.

Interrogée par l'AFP, la DGCCRF indique avoir contrôlé "plus de 160 établissements" - boutiques de vapotage, buralistes, épiceries, bars, sites de vente en ligne...- dont "13 continuaient de mettre en vente des puffs".

-"Contournement de l'interdiction"-

Autre problème: des produits de substitution, des cigarettes dites "rechargeables", ont déjà pris le relais des versions à usage unique.

Dans les points de vente, on trouve désormais des packs contenant une puff équipée d'une batterie rechargeable et d'une cartouche d'e-liquide à clipser et à changer - échappant ainsi à la nouvelle réglementation.

Mais dans de nombreux cas, la durée de vie de ces produits est très limitée et une fois la recharge clipsée, il n'est plus possible de l'enlever, obligeant à jeter la puff, a constaté le CNTC.

"C'est tout simplement un contournement de l'interdiction", alerte Mme Eschenbrenner, pour qui les composants et le taux élevé de nicotine de ces nouveaux produits peuvent aussi s'avérer problématiques.

Car ils contiennent systématiquement "20 mg/ml de nicotine" souligne Jérôme*, vendeur dans une boutique de vapotage de Houilles.

"Les jeunes pensent que ce n'est pas grand-chose, mais c'est le plus haut taux de nicotine en France, ça correspond à plus d'un paquet par jour", souligne-t-il.

Pour le CNCT, il faut désormais aller "encore plus loin" et appliquer les mesures prévues dans le cadre du programme national de lutte contre le tabac 2023-2027: réduire le nombre d'arômes et imposer un emballage neutre notamment.

*Prénoms modifiés

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